3 astuces pour reconnaître l’accent du sud de la France

En France, il y a beaucoup d’accents qui, en fait, proviennent des anciennes langues ou dialectes de la France. Avant la Seconde Guerre mondiale, il y avait encore des régions où les gens ne parlaient français qu’à l’école.

Ce n’est pas étonnant que subsistent encore aujourd’hui des accents et des termes caractéristiques de certaines régions. Cette diversité d’accent est synonyme d’authenticité et fait le charme de la France.

Un des accents préférés des français est l’accent du sud car c’est le plus typique et le plus chantant. Il n’existe pas un seul accent du sud mais plusieurs : on distingue par exemple l’accent du Midi ( sud de la France dont fait partie l’Occitanie) de l’accent Marseillais (pour la région de Marseille). En tout cas, un accent du sud appelé parfois méridional est vite remarqué par les français des autres régions. Et vous le remarquez-vous ?

Pour vous aider à l’identifier, voici les 3 différences les plus remarquables.

1. La prononciation et l'allongement des syllabes

En français la prononciation n’est pas équivalente à l’écriture : vous avez appris que la plupart des fins de mots, notamment le « e » final, ne se prononcent pas. Si vous êtes du Sud de la France, c’est différent ! Ce qui caractérise la prononciation du Sud de la France c’est la prononciation du « e » muet, qui donne souvent l’impression d’un accent tonique sur l’avant-dernière syllabe pour les mots se terminant par -e.

Par ailleurs on note un allongement des syllabes souvent en fin de phrase ainsi que des rythmes et intonations différents.

Dans les exemples suivants, la première voix est celle d’une femme avec un accent standard et la deuxième, celle d’un homme avec l’accent du sud, du Midi plus précisément.

1er exemple : Je m’appelle Etienne, je viens de Narbonne.
2nd exemple : Moi c’est Joëlle, je fais de l’escalade.

Note

L'avantage, c'est que l' on peut distinguer la prononciation d'un prénom masculin [Jo-el] du même prénom au féminin [ Jo-el-lǝ].

2. La dénasalisation des voyelles nasales

Les voyelles nasales ne sont pas prononcées de la même façon. Les sons sont plus ouverts.

Le son [ã] écrit « an », « en » ou « aon ». Exemple dans la phrase : Un enfant assis sur un banc.
Le son [ɛ̃] écrit « in », « ain » ou « aim ». Et le son [õ] écrit « on ». Exemple : Je mange du pain et bois du vin, c’est bien bon.

3. L'utilisation de mots du sud

Plusieurs mots employés dans le sud dérivent de l’Occitan. Voici 10 mots bien typiques du sud de la France. 

Après ces quelques explications, arrivez-vous maintenant à percevoir l’accent du midi dans ce dialogue extrait du Petit Prince ?

– Viens jouer avec moi, proposa le petit prince au renard. Je suis tellement triste…
– Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
– Ah ! Pardon. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser »?

– Tu n’es pas d’ici, que cherches-tu?

– Je cherche les hommes. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser »?

– Les hommes, ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C’est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?

– Non. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser »?

– C’est une chose trop oubliée. Ça signifie « créer des liens… »

– Créer des liens?

– Bien sûr. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

– Je commence à comprendre. Il y a une fleur… Je crois qu’elle m’a apprivoisé…

– C’est possible… Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste !

Cet article a 11 commentaires

  1. Guy FORGUE

    Tout aussi frappant (et indécrottable) le son O, dont la forme fermée n’existe guère dans le sud; daube et dob se prononcent pareil (O ouvert); John et jaune, etc

    1. Anne-Elisabeth

      Bonjour,
      Merci de votre contribution ! C’est exact… La labialité (les lèvres projetées en avant), c’est ce qui permet effectivement de produire des sons fermés et cela caractérise la langue française… C’est un peu moins le cas quand on a l’accent du sud !

      1. Arthur68

        C’est pour cela que l’accent du nord de la Loire est qualifié de pointu chez nous en Occitanie.

  2. Arthur68

    Etant Occitan, je vous donne la perception que j’ai de l’accent de la bourgeoisie parisienne, celui que vous qualifiez de standard :

    – voix trop aigue pour les hommes ;
    – voyelles beaucoup trop fermées et parfois curieusement allongées ;
    – confusion des sons : an, un et in qui sont très distincts lorsqu’ils sont prononcés par un Occitan, un Catalan ou un Basque ;

    – désagréable manie d’avaler des lettres : exemple « pelouse » prononcée plouse, etc, etc. Par contre prononciation de « s » finaux là ou justement un français du sud l’omet (exemple ; cassis, ananas) ;
    – drôle de prononciation des r finissant des mots comme histoire (une oreille occitane entend histoirE lorsque c’est prononcé par un « Parisiens ».

    etc
    – pas d’accent tonique (ce qui rend d’ailleurs les noms de chez nous méconnaissables lorsqu’ils sont dits par une bouche du nord de la Loire) ;
    – rythme monotone des phrase du genre pa-pa-pa-pa, etc ;
    -bien sûr certains mots ne sont pas utilisés dans le sud : môme, piaf, ce tantôt, etc .
    etc

    1. Anne-Elisabeth

      Bonjour,

      Merci de votre commentaire. Il ne me semble pas avoir pour ma part évoquer l’accent standard comme celui de la bourgeoisie parisienne. C’est en effet un accent pointu, qui n’est donc pas vraiment standard et encore moins standardisé !
      Mon article n’avait qu’un but explicatif et il ne me semble pas avoir dénigré l’accent du sud, bien au contraire. Par contre je sens une pointe de critique envers d’autres prononciations mais ce n’est pas l’objet de ce blog destiné avant tout aux apprenants en français.
      Nos prononciations et nos accents sont notre richesse et le reflet de notre diversité ! Ils nous invitent à une tolérance mutuelle et personne en définitive ne parle de façon neutre ou « sans accent ».

  3. Guy

    Bravo Anne
    Tous nos accents sont notre richesse et représentent l’histoire de notre pays
    Apprécions les, respectons les et respectons nous
    Merci

    1. Anne-Elisabeth

      Merci Guy de votre message. Je suis entièrement d’accord avec vous.

  4. jean-Paul PAGEZE

    Jean-Paul
    On essaie souvent de faire prononcer « un brin brun » aux Normands (nous somme à Lisieux) et ça donne toujours « un brin brin »!
    En plus, dans les livres d’apprentissage de lecture au CP, les sons « in » et « un » étaient dits identiques. Une hérésie pour nous, gens du sud.
    Pour finir, dans les dictées, certains élèves écrivaient « in » au lieu de « un ». J’avais beau leur expliquer que le féminin de « un » c’est « une » et qu’on entend bien le u, la faute revenait régulièrement !…

    1. Anne-Elisabeth

      Merci Jean-Paul pour votre commentaire. Pour la Normande de la Manche que je suis, je distingue « brin » et « brun » mais de manière, je l’avoue, qui peut sembler imperceptible peut-être pour d’autres. Brin est un phonème labial ( je souris quand je le prononce). Brun ne l’est pas !

  5. Frédérique Jaberg

    Merci pour ce bel article !
    Originaire de la Drôme, je ne fais effectivement pas la différence entre les sons ai et er en fin de mot, par exemple … ce qui ennuie fort mes élèves de collège lorsqu’ils écrivent sous ma dictée ! Pas facile d’être « prof d’orthographe » en dehors de sa région d’origine !
    J’aime les mots et expressions régionales et les accents, avec une préférence pour ceux du midi, en bonne chauvine que je suis !
    Merci d’avoir donné des clés aux apprenants étrangers qui doivent bien souffrir !

    1. Anne-Elisabeth

      Merci pour votre sympathique commentaire.
      L’expérience me fait réaliser combien l’accent du Sud, qui n’est pas le mien, permet une distinction notamment sur la prononciation du féminin : mon ami Noël ou mon amie Noëlle : sans l’accent, impossible de savoir si l’on parle d’un homme ou d’une femme. Mais à l’heure actuelle, on peut aussi dire que l’accent neutre permet la neutralité du genre !

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